
Écrire un roman est un processus complexe, qui exige autant de créativité que de maîtrise technique. Bien que chaque auteur ait son propre style, certaines erreurs sont largement répandues dans les manuscrits, même chez les écrivains expérimentés. Ces erreurs, souvent invisibles à l’auteur lui-même, peuvent nuire à la lisibilité, à l’engagement du lecteur et à l’efficacité globale du récit.
Dans cet article, nous allons approfondir les erreurs les plus fréquentes dans un manuscrit de roman et explorer des stratégies détaillées et professionnelles pour y remédier.
A. Le "Head-Hopping" : quand les points de vue se mélangent
Le "Head-Hopping" est une erreur courante dans l’écriture, particulièrement chez les auteurs débutants. Il consiste à passer d'un personnage à un autre – souvent dans une même scène ou un même paragraphe – sans transition claire. Ce mélange de points de vue peut rapidement devenir déroutant pour le lecteur, qui perd ses repères narratifs et émotionnels.
Les conséquences du Head-Hopping
Le passage d’un point de vue à un autre dans une même scène ou sans transition claire peut nuire au récit de plusieurs façons :
- Perte d’immersion et d’émotion : Lorsque les pensées de plusieurs personnages se mêlent dans une même scène, le lecteur ne sait pas “à qui” se connecter émotionnellement. Cela brise la continuité narrative et empêche de ressentir pleinement l’intensité émotionnelle d’un personnage ou d’une situation.
- Confusion narrative : Le lecteur peut se perdre si la narration ne précise pas clairement à travers quel prisme la scène est racontée. Ne pas savoir immédiatement qui pense quoi ou interprète les événements nuit à la clarté de l’histoire et peut frustrer le lecteur.
- Tonalité instable : Chaque personnage a une vision unique du monde et des émotions qui lui sont propres. Mélanger leurs perspectives sans structure claire rend la narration incohérente et peut créer une tonalité instable, diminuant la force du récit.
Comment se corriger
1. Restez dans un seul point de vue par scène
Pour éviter le Head-Hopping, limitez chaque scène ou chapitre à une seule perspective narrative. Si vous écrivez à la troisième personne, choisissez un personnage par scène et ancrez la narration dans ses perceptions, pensées et émotions. Cela permet au lecteur de rester immergé dans l’expérience de ce personnage, sans confusion.
Exemple maladroit :
Marie se sentait nerveuse face à son patron. Lui, de son côté, pensait qu’elle manquait de confiance.
Révision :
Marie se sentait nerveuse face à son patron. Elle espérait qu’il ne remarquerait pas sa nervosité.
Ici, on reste dans le point de vue de Marie. Si vous souhaitez montrer les pensées de son patron, il faudra le faire dans une scène distincte ou en utilisant une transition claire.
2. Utilisez des transitions claires pour changer de point de vue
Si un changement de perspective est nécessaire, assurez-vous qu’il soit bien signalé. Cela peut se faire à travers un saut de ligne, un marqueur narratif ou un nouveau chapitre. Ces transitions aident le lecteur à comprendre que la narration passe à un autre personnage, sans confusion.
Exemple :
Marie se sentait nerveuse face à son patron. Elle espérait qu’il ne remarquerait pas sa nervosité.De l’autre côté du bureau, son patron observait Marie. Elle semblait tendue, et il se demandait si elle était prête pour ce projet.
Le saut de ligne indique clairement le changement de point de vue, permettant au lecteur de recalibrer sa compréhension.
3. Filtrez la narration à travers le personnage principal
Lorsque vous écrivez une scène, tout ce qui est perçu, ressenti ou interprété doit passer par le point de vue du personnage principal. Évitez d’introduire directement les pensées ou émotions d’autres personnages. Vous pouvez toutefois suggérer leurs réactions à travers des gestes, des expressions ou des interprétations du personnage principal.
Exemple maladroit :
Marie se sentait nerveuse face à son patron. Il pensait qu’elle n’était pas prête.
Révision :
Marie se sentait nerveuse face à son patron. Il avait ce regard impénétrable qui la mettait mal à l’aise, comme s’il doutait d’elle.
Dans la révision, on reste dans le point de vue de Marie, tout en suggérant les pensées de son patron à travers son interprétation.
4. Faites preuve de discipline narrative
Testez votre texte en relisant chaque scène pour vous assurer que le point de vue reste cohérent. Posez-vous ces questions :
- Qui est le narrateur de cette scène ?
- Le lecteur peut-il identifier clairement à travers quels yeux la scène est racontée ?
- Les pensées et ressentis décrits sont-ils exclusivement liés à ce personnage ?
Astuce : Si vous remarquez que vous avez envie de montrer ce que ressent ou pense un autre personnage, réfléchissez à l’intérêt réel de cette information. Si elle est cruciale, trouvez un moyen subtil de la communiquer à travers des gestes, des dialogues ou des interprétations du personnage principal.
5. Maîtrisez les différents types de narration
Certains styles narratifs sont plus susceptibles de provoquer du Head-Hopping, tandis que d’autres offrent une structure plus claire :
- Narration à la première personne : Ici, le Head-Hopping est moins fréquent, car toute l’histoire est racontée du point de vue d’un seul personnage. Cependant, il faut respecter les limites de ce personnage : il ne peut pas connaître les pensées ou émotions des autres.
- Narration à la troisième personne limitée : C’est le style le plus courant dans les romans modernes. Ici encore, le risque est moindre : le narrateur ne montre que les pensées et émotions du personnage principal de chaque scène.
- Narration à la troisième personne omnisciente : Ce style permet d’explorer les pensées de plusieurs personnages, mais il peut facilement conduire au Head-Hopping s’il n’est pas maîtrisé. Pour éviter la confusion, alternez les points de vue avec des transitions claires et organisez vos scènes de manière rigoureuse.
B. Clarté des actions : éviter les scènes confuses ou floues
Les scènes d'action ou les moments cruciaux de l'intrigue sont souvent le cœur émotionnel et narratif d’un roman. Cependant, ces passages peuvent devenir confus si les descriptions manquent de précision ou sont surchargées de détails inutiles. Le lecteur doit pouvoir visualiser clairement chaque mouvement et chaque réaction, sans effort excessif.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Perte de compréhension : Si les actions des personnages ou leur enchaînement ne sont pas clairs, le lecteur peut perdre le fil de l’histoire. Cela diminue d’autant l’impact émotionnel et narratif de votre roman.
- Rythme cassé : Une mauvaise gestion des détails ou des descriptions peut ralentir des scènes qui devraient être dynamiques.
- Impression d’amateurisme : Des scènes confuses ou mal décrites risquent de donner l’impression que l’auteur n’a pas une maîtrise totale de son texte.
Comment se corriger
1. Suivez une séquence logique et chronologique
Les scènes d'action doivent être décrites dans un ordre clair et naturel, avec une progression fluide. Si vous sautez des étapes ou mélangez les événements sans transition, le lecteur risque de se perdre. Décomposez chaque action en étapes précises.
Exemple maladroit :
Il sauta par la fenêtre, attrapa sa veste et, avant de partir, échangea un dernier regard avec elle.
Révision :
Il attrapa sa veste, courut vers la fenêtre et sauta. Avant de disparaître, il échangea un dernier regard avec elle.
Dans la révision, les actions suivent un enchaînement logique et chronologique. Cela le lecteur à visualiser la scène.
2. Utilisez des verbes précis et dynamiques
Les verbes jouent un rôle clé dans la clarté et le dynamisme des scènes d'action. Privilégiez des verbes spécifiques qui décrivent exactement ce qui se passe, tout en évitant les termes vagues ou génériques.
Exemple maladroit :
Il se déplaça rapidement vers la porte.
Correction :
Il bondit vers la porte.
Le verbe "bondit" est plus visuel et énergique que "se déplaça rapidement". Il donne au lecteur une image claire de l’action.
3. Soyez précis, mais pas excessivement descriptif
Trop de détails peuvent noyer le lecteur et ralentir une scène qui devrait être rapide et percutante. Concentrez-vous sur les éléments essentiels pour que le lecteur puisse comprendre l’essentiel sans être submergé.
Exemple maladroit :
Il ouvrit lentement la porte, posa son pied gauche sur le sol, puis son pied droit. Il avança de deux pas, regarda autour de lui, et tendit la main vers la lumière.
Révision :
Il ouvrit la porte et entra prudemment, scrutant l'obscurité autour de lui avant de tendre la main vers l’interrupteur.
Dans la révision, les actions inutiles sont éliminées pour conserver un rythme fluide, tout en préservant la tension.
4. Rythmez vos phrases selon la nature de l’action
Le rythme des phrases doit refléter l’intensité de la scène. Les phrases courtes et percutantes conviennent mieux aux scènes rapides ou intenses, tandis que des phrases plus longues peuvent convenir aux moments plus calmes ou introspectifs.
Exemple pour une scène rapide :
Il courut. La porte était encore ouverte. Il plongea à l’intérieur, juste à temps pour éviter la balle.
Exemple pour une scène calme :
Il avança lentement dans la pièce sombre. Chaque pas résonnait, amplifiant le silence oppressant qui l’entourait.
5. Relisez à haute voix pour tester la fluidité
Une scène d’action bien écrite doit se lire sans accroc. Relire à haute voix permet de repérer les passages maladroits, les phrases trop longues ou les descriptions inutiles qui ralentissent le rythme. Si vous trébuchez sur vos propres mots, c’est un signe qu’il faut retravailler la fluidité.
C. Développement des personnages : éviter les stéréotypes et la superficialité
Créer des personnages authentiques et mémorables est essentiel pour captiver vos lecteurs et leur permettre de s’attacher à votre histoire. Pourtant, de nombreux manuscrits souffrent de personnages qui manquent de profondeur, tombent dans des clichés ou agissent de manière incohérente. Le développement des personnages doit aller au-delà de leur simple rôle dans l’intrigue pour les rendre vivants, complexes et humains.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Manque d’empathie du lecteur : Si vos personnages ne semblent pas réels ou crédibles, vos lecteurs auront du mal à s’identifier à eux ou à ressentir leurs émotions. Cela affaiblit l’impact émotionnel de votre histoire.
- Décisions incohérentes : Lorsque les actions des personnages ne s’alignent pas avec leur personnalité ou leurs motivations, cela peut rendre l’histoire confuse ou peu convaincante.
- Stéréotypes fatigants : Des personnages construits uniquement à partir de clichés (ex. : le "méchant machiavélique", la "femme parfaite", le "héros solitaire torturé") donnent une impression de paresse d’écriture et manquent d’originalité.
Comment se corriger
1. Créez des fiches de personnage détaillées
Avant d’écrire, prenez le temps de construire vos personnages en profondeur. Réfléchissez à leur passé, leurs traits de caractère, leurs motivations, leurs peurs, leurs rêves et leurs contradictions. Une fiche de personnage peut inclure :
- Leur histoire personnelle : Où et comment ont-ils grandi ? Quels événements les ont marqués ?
- Leurs objectifs : Que veulent-ils atteindre dans l’histoire, consciemment ou inconsciemment ?
- Leurs forces et faiblesses : Qu’est-ce qui les rend uniques, mais aussi vulnérables ?
- Leur personnalité : Sont-ils introvertis, impulsifs, rationnels, sensibles ? Comment interagissent-ils avec les autres ?
- Leur voix : Comment parlent-ils ? Ont-ils des tics de langage ou des expressions spécifiques ?
Exemple : Si vous créez un détective "torturé", ne vous contentez pas de le rendre sombre et cynique. Demandez-vous pourquoi il est ainsi : a-t-il perdu un être cher ? Se reproche-t-il une erreur passée ? Est-il cynique par instinct ou pour se protéger ?
2. Donnez-leur des arcs narratifs
Un personnage statique, qui reste inchangé du début à la fin, risque de lasser vos lecteurs. Les personnages les plus mémorables évoluent au fil de l’histoire : ils apprennent, changent, grandissent ou, au contraire, sombrent davantage dans leurs défauts.
Exemple d’arc narratif :
- L’évolution positive : Un personnage timide et réservé qui, confronté à des défis, apprend à s’affirmer et à devenir courageux.
- La chute tragique : Un héros idéaliste qui, à force d’affronter la réalité, devient cynique et perd ses valeurs.
Conseil : Assurez-vous que cette évolution est organique. Les changements doivent être justifiés par les événements de l’histoire et par la personnalité du personnage.
3. Évitez les clichés ou enrichissez-les
Les clichés ne sont pas forcément à proscrire, mais ils doivent être étoffés pour éviter la superficialité. Si vous utilisez un archétype (ex. : la "femme fatale", le "mentor sage", le "héros torturé"), ajoutez-lui des traits uniques ou des contradictions pour qu’il devienne plus humain et moins prévisible.
Exemple maladroit :
- Le méchant machiavélique qui est mauvais "juste parce qu’il aime être mauvais".
- Le héros parfait qui réussit tout sans effort et n’a aucun défaut.
Exemple enrichi :
- Votre méchant machiavélique pourrait avoir des blessures émotionnelles profondes ou agir avec des motivations compréhensibles (ex. : il cherche à protéger quelqu’un ou à venger une injustice).
- Votre héros parfait pourrait cacher une insécurité ou être hanté par des échecs passés qui influencent ses choix.
4. Introduisez des dilemmes moraux et des contradictions
Les personnages les plus intéressants sont rarement entièrement bons ou mauvais. Ce sont leurs dilemmes, leurs contradictions internes et leurs choix difficiles qui les rendent humains.
Exemple de dilemme moral :
Votre protagoniste doit choisir entre :
- Sauver une personne qu’il aime.
- Sauver un groupe de personnes inconnues.
Exemple de contradiction interne :
Un personnage qui se veut rationnel et logique, mais qui agit de manière impulsive lorsqu’il est sous pression. Ou un héros qui clame qu’il ne veut pas d’attaches, mais qui se sent secrètement seul.
Ces éléments ajoutent de la profondeur et permettent aux lecteurs de s’investir émotionnellement.
5. Laisser l’histoire montrer les choses
Pour rendre vos personnages vivants, ne vous contentez pas de décrire leurs traits ou émotions, montrez-les à travers leurs actions et dialogues.
Exemple maladroit :
Jacques était un homme impulsif et colérique.
Correction :
Jacques frappa la table du plat de la main. "Tu n’as pas écouté une seule de mes idées, pas vrai ?" cria-t-il en se levant brusquement.
Dans la correction, l’impulsivité et la colère de Jacques sont révélées à travers son comportement, plutôt que simplement énoncées.
6. Donnez à vos personnages une voix unique
Chaque personnage doit avoir sa propre manière de parler, reflétant sa personnalité, son origine sociale, son âge ou son vécu. Cela passe par :
- Son vocabulaire (soutenu, familier, argotique).
- Sa structure de phrase (longue et réfléchie, ou courte et directe).
- Ses tics de langage ou expressions spécifiques.
Exemple :
Un personnage âgé et cultivé pourrait dire :
"Je crains que cette situation ne soit plus complexe qu’il n’y paraît."
Tandis qu’un adolescent pourrait dire :
"Wow, c’est genre hyper compliqué ?".
Ces différences enrichissent vos dialogues et rendent vos personnages plus crédibles.
D. Problèmes d’intrigue
Une intrigue bien construite est le pilier central d’un roman. Pourtant, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes majeurs dans ce domaine : des trous dans l’histoire, des sous-intrigues abandonnées, des résolutions insatisfaisantes ou une structure narrative déséquilibrée.
Ces faiblesses peuvent nuire à la cohérence de votre récit et à l’engagement émotionnel du lecteur.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Une intrigue confuse : Si les événements de votre récit manquent de logique ou s’enchaînent de manière désordonnée, le lecteur aura du mal à suivre et à s’immerger pleinement dans l’histoire. Une intrigue claire et cohérente est essentielle pour maintenir son intérêt.
- Rupture de la suspension consentie de l’incrédulité : Les incohérences, qu’elles soient liées à des actions illogiques des personnages, des événements inexplicables ou des retournements de situation mal préparés, peuvent briser la confiance du lecteur envers votre récit.
- Sous-intrigues abandonnées ou inutiles : Introduire des sous-intrigues est une excellente manière d’enrichir votre histoire, mais si elles ne sont pas résolues ou ne servent pas la trame principale, elles risquent de frustrer le lecteur ou de diluer l’intrigue.
- Résolutions insatisfaisantes : Une conclusion précipitée ou mal préparée peut décevoir vos lecteurs, surtout s’ils ont investi émotionnellement dans l’histoire. Une bonne résolution doit être à la fois logique et gratifiante.
Comment se corriger
1. Planifiez votre intrigue
Une intrigue bien structurée repose souvent sur une planification rigoureuse. Même si vous écrivez de manière spontanée, prendre le temps de réfléchir à la structure globale de votre histoire peut vous aider à éviter des trous ou des incohérences.
- Utilisez des modèles narratifs éprouvés :
- Le schéma en trois actes (situation initiale, confrontation, résolution).
- Le "Voyage du Héros" (un modèle narratif en 12 étapes qui suit l’évolution du protagoniste).
- Ou encore, la "structure en nœud papillon" pour les intrigues plus complexes.
Astuce : Résumez votre intrigue en une phrase ou un paragraphe. Si vous avez du mal à la synthétiser, cela peut être un signe que votre intrigue manque de clarté ou de focus.
2. Relisez avec un œil critique
Prenez du recul sur votre manuscrit et analysez chaque élément de votre intrigue avec des questions précises :
- "Pourquoi cet événement se produit-il ?"
- "Cette action ou cet événement est-il cohérent avec les motivations du personnage ?"
- "Cette sous-intrigue ajoute-t-elle de la valeur à l’histoire principale ?"
- "Ai-je préparé le lecteur aux grandes révélations ou retournements de situation ?"
Astuce : Demandez à un tiers de vous faire un retour honnête. Ils peuvent repérer des incohérences ou des moments où l’intrigue s’affaiblit que vous n’avez pas vus.
3. Supprimez les éléments superflus
Chaque scène et chaque sous-intrigue doivent avoir une fonction claire dans l’histoire. Si un élément ne fait pas avancer l’intrigue, ne développe pas les personnages ou ne contribue pas à l’atmosphère générale, envisagez de le supprimer.
Exemple :
Une sous-intrigue romantique entre deux personnages secondaires peut être intéressante, mais si elle n’a aucun impact sur l’intrigue principale ou les arcs narratifs des personnages principaux, elle risque d’encombrer le récit.
4. Préparez vos résolutions
Les résolutions doivent être crédibles et gratifiantes pour le lecteur. Cela implique de semer des indices tout au long du récit pour préparer les grandes révélations ou les retournements de situation.
Exemple maladroit :
Le méchant est soudainement vaincu par une force extérieure qui n’a jamais été mentionnée auparavant.
Révision :
Introduisez discrètement cette force ou cette solution plus tôt dans l’histoire, afin que son apparition dans la résolution semble naturelle et non artificielle.
5. Travaillez les transitions et l’enchaînement des événements
Assurez-vous que chaque événement découle logiquement de ce qui le précède. Si un événement semble sortir de nulle part ou manque de préparation, il risque de perturber le lecteur.
Exemple maladroit :
Le héros décide soudainement de partir en quête d’un artefact sans qu’aucun indice ou motivation préalable n’ait été donné.
Correction :
Montrez des indices ou des événements qui poussent le héros à entreprendre cette quête (une prophétie, une menace imminente, une découverte accidentelle).
E. Problème de rythme
Le rythme d’un roman est l’équilibre entre moments d’action, développement de l’intrigue et pauses narratives. Il est essentiel pour maintenir l’intérêt du lecteur tout au long de l’histoire. Un rythme mal géré peut rendre une intrigue ennuyeuse ou chaotique, ce qui risque de frustrer le lecteur. L’objectif est de trouver un juste milieu entre les scènes intenses et les moments de calme, tout en évitant les longueurs inutiles.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Perte de l’impact émotionnel : Si les événements importants s’enchaînent trop vite, le lecteur n’a pas le temps de ressentir ou de comprendre pleinement leur importance. À l’inverse, si le récit traîne en longueur, il risque de perdre patience et de décrocher.
- Un déséquilibre narratif : Un roman avec un rythme trop irrégulier peut sembler désorganisé : certaines parties paraîtront trop lentes et d’autres trop précipitées. Cela brise l’immersion et donne une impression d’incohérence.
- Fatigue ou ennui du lecteur : Un rythme trop rapide peut submerger le lecteur, tandis qu’un rythme trop lent peut l’ennuyer. Dans les deux cas, l’engagement du lecteur diminue.
Comment se corriger
1. Identifiez les moments clés de l’intrigue
Assurez-vous que les scènes cruciales de votre histoire (climax, révélations importantes, conflits majeurs) ont suffisamment d’espace pour se développer. Ces moments doivent être bien préparés en amont et avoir un impact durable sur le lecteur.
Exemple :
Si une révélation majeure survient sans contexte ou préparation, elle semblera précipitée. Prenez le temps d’introduire des indices ou des tensions avant ce moment pour maximiser son effet.
2. Ajoutez des moments de respiration
Après une scène intense ou dramatique, insérez des moments plus calmes pour permettre au lecteur de digérer les événements. Ces pauses narratives peuvent inclure :
- Une réflexion du personnage principal.
- Une interaction légère ou humoristique.
- Une description apaisante de l’environnement.
Exemple :
Après une bataille épique, montrez les personnages qui pansent leurs blessures, discutent de leurs émotions ou planifient leurs prochaines étapes. Cela aide à relancer progressivement la tension.
3. Supprimez les longueurs
Chaque scène ou dialogue doit avoir une fonction claire dans l’histoire. Si une scène n’apporte rien à l’intrigue, au développement des personnages ou à l’ambiance, envisagez de la raccourcir ou de la supprimer.
Exemple maladroit :
Une description détaillée de dix pages sur le paysage, sans aucun lien avec l’intrigue.
Révision :
Réduisez la description à quelques phrases percutantes qui évoquent l’atmosphère et servent l’histoire.
4. Variez la longueur des scènes et des chapitres
Un bon rythme repose souvent sur une alternance de scènes courtes et percutantes avec des scènes plus longues et introspectives. Cela crée un flux narratif plus dynamique et agréable à lire.
Astuce :
- Scènes d’action → privilégiez des phrases courtes et un rythme rapide.
- Scènes introspectives ou descriptives → utilisez des phrases plus longues et un rythme plus lent.
5. Relisez avec un œil critique
Relisez votre manuscrit en vous concentrant uniquement sur le rythme. Posez-vous des questions comme :
- "Cette scène est-elle trop rapide ou trop lente ?"
- "Le lecteur a-t-il suffisamment de temps pour comprendre ou ressentir ce qui se passe ?"
- "Y a-t-il des moments où je me suis ennuyé en relisant ?"
Astuce avancée : Faites appel à un tiers pour avoir un retour extérieur. Ils peuvent vous dire à quels moments ils ont ressenti de l’ennui ou de la confusion.
F. Dialogues inefficaces : trop longs, mal structurés ou inutiles
Les dialogues sont un outil puissant pour révéler vos personnages, faire avancer l’intrigue et maintenir l’intérêt du lecteur. Cependant, ils ne doivent pas être une simple retranscription de conversations réelles. Dans la vie, les dialogues sont souvent remplis de banalités, d’hésitations et de digressions inutiles. Dans un roman, chaque ligne doit être pensée pour servir une fonction narrative.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Dialogue trop réaliste : Les répliques banales ou répétitives (comme "Bonjour, ça va ?") alourdissent le récit et n'apportent rien à l’histoire.
- Exposition maladroite : Lorsque les dialogues expliquent trop directement ce que le lecteur devrait découvrir autrement, ils deviennent artificiels.
- Usage excessif des incises ("dit-il", "répondit-elle") : Elles peuvent alourdir le texte et distraire du contenu réel des dialogues.
- Manque de tension ou de sous-texte : Si les personnages disent exactement ce qu’ils pensent sans conflit ou non-dits, le dialogue risque de paraître ennuyeux.
Comment se corriger :
- Supprimez les banalités : N’incluez que ce qui est nécessaire à l’intrigue, au développement des personnages ou à l’ambiance.
Exemple maladroit :
— Bonjour, ça va ?— Oui, et toi ?— Ça va. Bon, parlons de l’enquête.
Correction :
— Alors, des nouvelles de l’enquête ?Cette simple phrase va directement au but, sans perdre de temps avec des banalités inutiles.
- Rendez les dialogues naturels mais percutants : Inspirez-vous du rythme de la conversation réelle, mais éliminez les éléments inutiles. Ajoutez des pauses, des interruptions ou des hésitations pour plus d’authenticité.
Exemple :
— Je... je ne sais pas quoi dire.—Alors, dis la vérité.
- Ajoutez du sous-texte : Ce qui n’est pas dit est souvent plus puissant que les mots eux-mêmes. Utilisez les dialogues pour révéler des conflits implicites ou des émotions cachées.
Exemple :
— Tout va bien ?— Oui, pourquoi ?Ici, le personnage ment probablement ou cache quelque chose, ce qui crée de la tension.
- Limitez les incises de dialogue : Si la scène est claire, il n’est pas nécessaire d’ajouter "dit-il" ou "répondit-elle" à chaque réplique. Utilisez des actions ou des descriptions pour contextualiser.
Exemple maladroit :
— Je pars, dit-elle.— Pourquoi ? demanda Yann.— Tu le sais très bien, répondit-elle.
Révision :
Elle attrapa son sac d’un geste brusque.— Je pars.Yann leva les yeux, incrédule.— Pourquoi ?— Tu le sais très bien.
G. Cohérence narrative et continuité
Maintenir une cohérence narrative et une continuité tout au long d’un roman est essentiel pour garantir une immersion totale du lecteur. Les petites incohérences, comme des noms qui changent, des lieux mal décrits ou des chronologies bancales, peuvent sembler insignifiantes, mais elles perturbent rapidement le lecteur. Ces erreurs nuisent à la crédibilité de votre récit et donnent une impression de travail bâclé.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Impression d’amateurisme : Une narration incohérente donne l’impression que l’auteur n’a pas suffisamment travaillé ou relu son manuscrit. Cela peut décourager les lecteurs et faire perdre leur confiance dans l’histoire.
- Immersion brisée : Les lecteurs attentifs remarquent immédiatement ces erreurs et en sont distraits. Cela les sort de l’univers du roman et les empêche de se concentrer sur l’intrigue ou les émotions des personnages.
- Perte de crédibilité de l’histoire : Des incohérences (par exemple, un personnage qui semble "oublier" un élément clé ou un événement qui contredit la chronologie) donnent l’impression que l’histoire n’a pas de fondation solide.
Comment se corriger
1. Tenez un journal de continuité
Un journal de continuité est un outil essentiel qui vous permettra de garder une trace de tous les détails importants de votre histoire. Vous pouvez y inclure :
- Les noms des personnages, leurs âges, leurs descriptions physiques et leurs relations.
- Les lieux, avec des descriptions précises et leur rôle dans l’histoire.
- La chronologie, en notant l’ordre des événements et les périodes de temps qui s’écoulent.
- Les règles de l’univers, notamment si vous écrivez de la science-fiction ou de la fantasy (magie, technologies, lois spécifiques).
Astuce : Utilisez un tableur ou un logiciel de prise de notes comme Scrivener ou Campfire pour organiser ces informations de manière claire et accessible.
2. Faites des vérifications croisées
Lors de la relecture de votre manuscrit, portez une attention particulière aux incohérences potentielles.
Voici quelques points à vérifier :
- Les descriptions des personnages restent-elles constantes ?
- Les événements respectent-ils la chronologie établie ?
- Les éléments importants de l’intrigue sont-ils cohérents du début à la fin ?
Astuce : Relisez en plusieurs passes, avec un objectif précis pour chaque session (ex. : une relecture spécifique pour vérifier la chronologie, une autre pour les descriptions, etc.).
H. Style maladroit : phrases bancales ou monotones
Votre style d’écriture est l’un des éléments qui rend votre roman unique et mémorable. Cependant, des phrases maladroites, des répétitions ou un ton monotone peuvent rapidement rendre la lecture laborieuse, même si votre intrigue est captivante. Un style fluide et varié est essentiel pour maintenir l’attention et l’engagement du lecteur.
Pourquoi cela peut être problématique :
- Des phrases lourdes ou stériles fatiguent le lecteur : Des phrases trop longues, complexes ou mal construites peuvent être difficiles à suivre. Cela ralentit la lecture et peut frustrer le lecteur, qui doit "travailler" pour comprendre votre texte.
- Un style monotone manque de variété et d’impact : Si toutes vos phrases ont la même structure ou longueur, votre texte risque de devenir plat et ennuyeux. Un manque de dynamisme peut affaiblir l’immersion et l’émotion que vous souhaitez transmettre.
- Un manque de clarté ou de concision : Les descriptions trop détaillées ou les mots inutiles peuvent alourdir votre prose, rendant la narration confuse ou redondante.
Comment se corriger
1. Relisez votre manuscrit à haute voix
Lire votre texte à voix haute est l’une des meilleures façons de repérer les phrases maladroites ou les rythmes monotones. Lorsque vous lisez, soyez attentif à :
- Les phrases qui "butent" ou manquent de fluidité.
- Les répétitions inutiles de mots ou d’idées.
- Les moments où le texte semble plat ou monotone.
Astuce : Si vous avez du mal à lire une phrase sans trébucher, elle mérite probablement d’être simplifiée ou reformulée.
2. Variez la longueur et la structure des phrases
Un texte captivant alterne entre des phrases courtes, percutantes, et des phrases plus longues, descriptives. Cela crée un rythme naturel qui maintient l’attention du lecteur.
Exemple maladroit :
Le ciel était gris. La pluie tombait. Le vent soufflait. Les arbres bougeaient.
Correction :
Le ciel était gris, et une pluie fine tombait en silence. Le vent soufflait, faisant ployer les arbres sous sa force.
Astuce : Utilisez des phrases courtes pour les moments d’action ou de tension, et des phrases plus longues pour des descriptions ou des réflexions.
- Simplifiez votre écriture
Moins, c’est souvent “plus”. Évitez les descriptions trop complexes ou les mots inutiles qui alourdissent votre texte.
Exemple maladroit :
Les rayons lumineux du soleil, qui semblaient percer à travers l’épais feuillage des arbres centenaires, projetaient des ombres mouvantes sur le sol moussu de la forêt.
Correction :
Les rayons du soleil perçaient le feuillage, projetant des ombres sur le sol moussu.
Astuce : Supprimez les adjectifs ou adverbes redondants et concentrez-vous sur des descriptions précises et percutantes.
4. Utilisez des verbes forts et évitez les tournures passives
Les verbes puissants rendent vos phrases plus dynamiques et vivantes. Évitez les tournures passives ou les verbes faibles (comme "être", "avoir", "faire") quand un verbe plus expressif peut les remplacer.
Exemple maladroit :
La porte fut ouverte par le vent.
Correction :
Le vent ouvrit la porte d’un coup sec.
5. Évitez les répétitions et les clichés
Les répétitions de mots ou d’idées peuvent rendre votre texte monotone, tandis que les clichés affaiblissent votre originalité.
Exemple maladroit :
Elle était belle comme un ange. Ses cheveux blonds brillaient comme de l’or.
Correction :
Elle avait une beauté lumineuse, ses cheveux blonds captant la lumière comme une flamme douce.
Astuce : Utilisez des métaphores ou des comparaisons originales pour enrichir votre style.
6. Faites des paragraphes dynamiques
Un texte bien rythmé utilise des paragraphes variés. Alternez entre :
- Des paragraphes courts pour les moments d’action ou de tension.
- Des paragraphes plus longs pour les descriptions ou les dialogues introspectifs.
Exemple :
Un paragraphe court :
Elle ouvrit la porte d’un geste brusque. Personne.
Un paragraphe long :
La pièce était plongée dans une pénombre inquiétante. Les volets, mal fermés, laissaient passer un filet de lumière qui dansait sur les murs. L’air était lourd, chargé d’une odeur de renfermé, et chaque craquement du plancher semblait amplifier le silence oppressant.
7. Lisez des auteurs reconnus pour leur style
Inspirez-vous des auteurs ayant un style fluide et captivant. Observez comment ils varient leurs phrases, équilibrent action et description, et utilisent des métaphores ou des images pour enrichir leur texte.
Astuce : Ne cherchez pas à imiter, mais à apprendre. Adaptez ce que vous aimez à votre propre voix.
Conclusion
Écrire un roman est un travail d’amour et la révision en est le cœur. En identifiant et en corrigeant quelques erreurs courantes – qu’il s’agisse de "Head-Hopping", de développement des personnages, de structure ou de style – vous pouvez transformer un manuscrit brut en une œuvre captivante et mémorable.
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